jeudi 24 février 2011

Victor-Emmanuel de Savoie avoue : scoop du Fatto Quotidiano !


I. Victor-Emmanuel de Savoie avoue : scoop du Fatto Quotidiano !
II. Victor-Emmanuel de Savoie / Dirk Hamer : le fusil du prince !
III. Victor-Emmanuel de Savoie / Dirk Hamer : où est la vérité ?


* * *
[3ème MàJ - 25 février, 0h10'] Je suis obligé d'intervertir l'ordre des mises à jour, en passant de la plus récente à la plus ancienne, car l'affaire n'arrête pas d'évoluer !

Je viens de découvrir en effet qu'un livre a été publié hier, intitulé "Délit sans châtiment" (titre inspiré de Crime et Châtiment, le roman de Dostoïevski, qui est traduit Délit et châtiment en italien : Delitto e Castigo), "la véritable histoire de Victor-Emmanuel" :


Publié chez Aliberti aux soins de Béatrice Borromeo (qui signe également l'article sur le Fatto), comtesse et fiancée de Pierre Casiraghi, la sortie du livre s'accompagne d'une présentation vidéo :



À noter que la publication du livre fait également la une du Fatto d'aujourd'hui (25 février 2010), où la Borromeo nous explique en pages 2 et 3 que la réaction du prince, prétendant que le journal aurait manipulé la vidéo en procédant à un montage maladroit des images, est une accusation d'une extrême gravité ; et de citer la réponse de Birgit Hamer : « Si le Savoie veut accuser les magistrats de Potenza d'avoir falsifié le film, qu'il le dise ouvertement... », puisque cette vidéo n'est autre que celle obtenue par les voies judiciaires après presque cinq ans d'attente (2006-2011), et livrée à la sœur de Dirk par les autorités compétentes !

Quant au livre, l'article nous dit dans un encadré qu'il est prêt depuis ... huit ans, mais qu'aucun éditeur n'a eu le courage de le publier jusqu'à aujourd'hui par crainte des rétorsions légales probables...

Le directeur du Fatto, Antonio Padellaro, conclut ainsi son éditorial : le Savoie menace de nous traîner devant un tribunal. Qu'il le fasse. Nous pourrons ainsi lui dire en face ce que nous pensons de lui... (il Savoia sparacchia minacce di querela. Ci porti in tribunale. Potremo dirgli in faccia ciò che pensiamo di lui).

La presse suisse commence d'ailleurs à faire sortir l'info. En reprenant des extraits de ma traduction, sans me citer bien sûr...

[2ème MàJ - 24 février, 16h00'] Réaction du prince (en italien), qui menace de poursuivre le journal en diffamation en les accusant de s'être livré à un "montage des images", « qui n'ajoutent pas une virgule à ce qui est notoirement connu et à disposition de la justice depuis longtemps. Elles font même ressortir l'état de difficulté évident dans lequel j'étais à cause de mon incarcération traumatisante et de la situation incompréhensible dans laquelle je me trouvais. J'ajoute que des doses importantes de sédatif m'avaient été administrées, nécessaires à cause de mon état d'anxiété, qui ont provoqué chez moi un grave état de confusion, chose prouvée par les analyses médicales effectuées à ma sortie de la prison de Potenza. »
L'esame del testo delle conversazioni relative al video, riportate dai brogliacci della Polizia Giudiziaria, già da tempo a disposizione, non aggiungono una virgola a quanto già noto e da tempo rappresentato. Anzi, fanno emergere l’evidente stato di difficoltà in cui versavo a causa del mio traumatico arresto e per la situazione incomprensibile in cui mi trovavo. Aggiungo che mi erano state somministrate ingenti dosi di sedativi, necessari per il mio stato di ansia, che mi hanno provocato uno stato di grave confusione, somministrazione provata dalle analisi mediche effettuate alla mia uscita dal carcere di Potenza”.
Le prince précise ensuite que le Ministère de la Justice français disposait déjà du film et de la retranscription des écoutes dès 2006, Ministère qui avait "sèchement" répondu au magistrat italien (Henry John Woodcock, qui avait transmis le dossier en France) qu'aucune procédure ne pouvait être rouverte contre lui après un jugement de la Cour d'Assises de Paris, fondé sur des preuves objectives et sans équivoque de son innocence.
Peraltro sottolineo che il video in oggetto e le relative trascrizioni erano già state trasmesse da Woodcock al Ministero della Giustizia Francese nel 2006. Il Ministro della Giustizia inviò una secca e chiara risposta affermando che nessun procedimento poteva ne potrà mai essere riaperto a fronte di una sentenza della Corte d’Assise di Parigi fondata su inequivocabili prove oggettive di innocenza”.
Le Prince appuie son raisonnement sur le fait que, dans le film, "les phrases sont déconnectées les unes des autres, avec l'intercalage de longues parties où s'alternent pauses et mots incompréhensibles, ce qui rend impossible de lier les différents tronçons entre eux pour faire croire à la thèse qu'il aurait admis sa culpabilité. Il s'agirait donc d'un montage artificiel faisant intervenir 7 tronçons différents pour tenter de donner un sens achevé aux phrases prononcées. Or tout cela a déjà été publié dans de nombreux journaux en 2006, et clairement expliqué dans les actes de différents procès."
“Desidero far notare come le frasi siano sconnesse tra loro con lunghe parti di parole incomprensibili o di pause che rendono impossibile il collegamento dei vari spezzoni con cui si vorrebbe accreditare la tesi dell’ammissione di colpa. E’ stato artificialmente montato con ben sette spezzoni diversi per tentare di dare senso compiuto alle frasi pronunciate. Tutto già più volte pubblicato nel 2006 da numerosi quotidiani e puntualmente chiarito anche negli atti processuali”.
Le journal rétorque que le prince s'est basé sur une première vidéo ne présentant que des extraits mais pas sur la version intégrale (celle que j'ai publiée sur ce blog). Je m'en vais donc la débobiner pour permettre à chacun de se faire son idée.

* * *
Voici le débobinage, pour ce que j'ai réussi à comprendre car le son n'est pas de bonne qualité, mais sur l'extrait ci-dessous j'ai pu vérifier le sous-titrage (les parties graissées sont celles que j'avais citées dans la version originale de mon billet, les plus importantes selon moi). Traduction à suivre...
Io le posso dire che Isolabella è venuto al mio processo a Parigi, il processo, anche se io avevo torto, torto, per essere… 
Perché lì, è si o no, prima mi hanno sequestrato, sempre a me… allora ho cambiato sei persone dei giurati perché io ho diritto – se non mi piace – di cambiare  
Io avevo una batteria di avvocati … ah, come si chiamava il mio avvocato … aveva trovato … poi fui in affidamento … io avevo un anno e mezzo, allora abbiamo cominciato da lì, e devo dire che li ho fregati, eccezionale, poi … venti testimoni, e si sono affacciate tante di quelle personalità pubbliche, il Procuratore aveva chiesto cinque anni e sei mesi, ero sicuro di vincere, ero più che sicuro, allora, adesso che visualizzo, adesso chiediamo ai giurati che si sono, chiediamo ai giurati di ritirarsi e rispondere su tre punti: 
  1. C’è stato un atto volontario dal Signor Di Savoia?
  2. Il Signor Savoia è responsabile della morte?
  3. Il Signor Savoia aveva sì o no un’arma da fuoco? 
Si sono ritirati, due ore dopo, sono arrivati lì … impressionante
  1. Il primo punto: “Dal Signor Savoia nessun atto volontario”
  2. Secondo punto: “Il Signor Savoia non è affatto responsabile della morte del tedesco”
  3. Terzo punto: “Si, è una carabina anteguerra”…
Gli diamo sei mesi con la condizionale. Sei mesi: c’era un’amnistia, non l’hanno neanche scritto! 
- (risata) - 
Sono uscito, … ma lì, ma lì, eccezionale! No, ma perché… 
Io ho sparato un colpo così e un colpo in giù, ma il colpo è andato in questa direzione, è andato qui, e ha preso la gamba sua, che era … steso, passando attraverso la carlinga. 
E poi, non so sé qualcuno qui ha fatto il servizio, chi ha fatto il servizio quando c’erano … inglese, ecc. Carabina, va bene… Pallottola trenta zero tre, trenta zero tre, … di legno…
Allora, dov’è ‘sto whisky?
TRADUCTION (17h30'). Victor-Emmanuel de Savoie s’adresse à ses interlocuteurs :
Je peux vous dire qu’Isolabella (Lodovico Isolabella, son avocat dans l’affaire Valettopoli, que l’accusation a fini par laisser tomber pour preuves insuffisantes. NdT) est venu à Paris assister à mon procès, le procès, même si j'étais en tort, en tort, pour être...

Parce que là, c’est oui ou c’est non, d'abord ils m’ont saisi, encore à moi… alors j’ai changé six des jurés, parce que j’avais le droit, s’ils ne me plaisaient pas, de les changer

J'avais une batterie d'avocats... ah, comment mon avocat s’appelait-il donc ?... il avait trouvé... puis j'ai été mis en probation
(sursis avec mise à l’épreuve, je suppose), pendant un an et demi, donc c’est à partir de là que nous avons commencé, et je dois dire que je les ai bien eus, vraiment génial, plus une vingtaine de témoins, et d’autres personnalités publiques importantes, le parquet avait demandé cinq ans et demi, mais j'étais sûr de gagner, j'en étais plus que sûr, attendez, laissez-moi visualiser (la scène), maintenant on demande aux jurés qui se sont, on demande aux jurés de se retirer et de répondre sur trois points :
  1. Y a-t-il eu un acte volontaire de la part de Monsieur le prince de Savoie? 
  2. Monsieur le prince de Savoie est-il responsable de la mort (de Dirk Hamer)?
  3. Monsieur le prince de Savoie avait-il oui ou non une arme à feu ?
Ils se sont retirés, et deux heures plus tard ils sont revenus ... impressionnant
  1. Premier point : « Aucun acte volontaire de la part de Monsieur le prince de Savoie » 
  2. Deuxième point: « Monsieur le prince de Savoie n'est pas responsable de la mort de l'allemand » 
  3. Troisième point: « Oui, il avait une carabine datant d’avant-guerre »... 
Condamné à six mois avec sursis. Six mois : il y avait une amnistie, ils l’ont même pas transcrit (sur mon casier) ! 
- (rigolade) – 
Je suis sorti de là, vraiment génial ! Non, parce que…

J'ai tiré deux coups de fusil, un comme ça et l'autre vers le bas, mais le coup est parti dans cette direction, il est parti là et l'a touché à la jambe (incompréhensible)... en passant à travers la coque.

Et d’ailleurs, je sais pas si quelqu’un a fait le service
(militaire), avez-vous fait le service quand il y avait les … anglais, carabine, OK, cartouche calibre 30/03, 30/03, (crosse) en bois

Alors, il est où, ce whisky ?
En guise de sédatif, probablement...

Dans sa communication au Fatto, le prince conclut qu'il n'a jamais rien avoué du tout, que cette vidéo ne change rien, et qu'il s'en prendra à quiconque prétend le contraire. Si c'est lui qui le dit, croyons-le.

La sœur de Dirk Hamer est bien sûr de l'avis opposé : j'ai gagné ma bataille, dorénavant ce monsieur ne pourra plus prétendre que ce n'est pas lui qui a tiré sur mon frère...

Ajoutons que dans un compte-rendu d'audience de l'époque, le journaliste belge Jacques Cordy se demandait : « Il est vrai que l'acquittement pur et simple constitue une surprise; mais le doute a pesé sur les débats, et il doit jouer en faveur de l'accusé. »

Donc on ne peut que s'interroger : quid de la décision des jurés s'ils avaient pu voir cette vidéo ? Est-elle de nature à lever le doute, ou non ? La question est posée...

[1ère MàJ - 24 février, 10h10'] Le film est en ligne (inutile de voir si vous comprenez pas l'italien, même s'il y a un sous-titrage) ! Au cas où, je l'ajoute en P.S.

* * *
Billet original

* * *
En 1996, Libération titrait : Son Altesse ne saurait être meurtrière. Victor-Emmanuel de Savoie définitivement blanchi de la mort d'un touriste.

Dix ans plus tard, en 2006, l'héritier contrarié de la couronne d'Italie est emprisonné une semaine à Potenza dans le cadre d'une enquête où le membre n° 1621 de la Loge P2 est accusé de faire partie d'un réseau de délinquants, de corruption et d'exploitation de la prostitution (associazione a delinquere, corruzione e sfruttamento della prostituzione) (affaire qui s'est terminée sur un non-lieu). Les enquêteurs mettent sa cellule sous surveillance en installant une caméra cachée.

Or l'enregistrement, publié aujourd'hui-même sur le site du Fatto Quotidiano, reprend Son Altesse le prince de Savoie en train de se vanter auprès de ses "compagnons de cellule" d'être bien le coupable et d'avoir réussi à s'en sortir dans le procès-farce qui s'est déroulé en France.
J'ai tiré deux coups de fusil, un comme ça et l'autre vers le bas, mais le coup est parti dans cette direction et l'a touché à la jambe (incompréhensible)... en passant à travers la coque. 
“Io ho sparato un colpo così e un colpo in giù, ma il colpo è andato in questa direzione, è andato qui e ha preso la gamba sua, che era (parola incomprensibile, ndr) steso, passando attraverso la carlinga”.
Il précise même qu'il s'agissait d'une cartouche calibre 30/03 (“Pallotola trenta zero tre”). Et d'ajouter :
Au procès, même si j'étais en tort, en tort, ... je les ai bien eus !
“il processo, anche se io avevo torto ... torto...”, “Devo dire che li ho fregati...”
L'histoire de l'involontaire "confession" avait déjà fuité en 2006, mais uniquement l'enregistrement voix, et Son Altesse avait convoqué vite fait une conférence de presse en jurant ses grands dieux que ses déclarations avaient été manipulées et que tout ça était faux :
“Queste notizie sono talvolta manipolate o non sono vere. Ma ora è il momento di parlare, di far emergere la verità”. “Due tribunali francesi si sono pronunciati prosciogliendomi da ogni responsabilità. Lo hanno fatto perché ci sono prove chiare. La pallottola che ha colpito il ragazzo non poteva essere del mio fucile. Qualcuno ha sparato con una pistola a quel povero ragazzo, ecco la verità”.
Or en découvrant cette histoire, Birgit Hamer, la sœur de Dirk - décédé dans des souffrances atroces le 7 décembre 1978, à 19 ans, après une agonie de 111 jours, 19 opérations et l'amputation de la jambe (les secours n'auraient pas été appelés suffisamment tôt après l'incident, ce qui a compromis sérieusement une blessure déjà grave) -, se dit au contraire que si ces "aveux" étaient authentiques et textuels, ils mettraient le mot "fin" à cette histoire, puisqu'il serait alors “impossible de nier qu'en dépit de son acquittement, Victor-Emmanuel de Savoie est bien le seul et unique responsable de la mort de son frère”.

Elle se lance donc dans des recherches et découvre qu'il existe un enregistrement filmé déposé aux actes de la nouvelle affaire. Et après pratiquement trois ans et une requête de son avocat ainsi motivée :
Mme Hamer a le droit, garanti par notre Constitution, de connaître la vérité sur la mort de son frère (“La signora Hamer ha il diritto costituzionalmente garantito alla verità sulla morte del fratello”)
elle finit par recevoir le film, qu'elle regarde avec horreur, mais soulagement, 33 ans après !

L'héritier contrarié à la couronne d'Italie y rit grassement, apparemment content de s'en être sorti à si bon compte. Il rigolera probablement moins maintenant que la vidéo fera le tour d'Internet. Je la posterai en P.S. dès qu'elle sera en ligne. En attendant, l'info commence déjà à être reprise sur le Web italien, mise en une de Dagospia, qui ne fait pas dans le sobre en criant : ASSASSIN !

j'enlève la photo car le site Dagospia l'a mise en ligne et retirée dans la matinée...

Il faut dire que Roberto D'Agostino, éditeur du site, avait été condamné en 2006 à verser 50 000 euros pour diffamation parce qu'il avait traité Son Altesse d'assassin à la suite des premières révélations... Qui seront plus dures à réfuter aujourd'hui !



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P.S. Il y a sur l'édition d'aujourd'hui du Fatto Quotidiano, dans l'article signé Béatrice Borromeo, une photo de Dirk et de sa sœur à l'hôpital, où lui regarde l'objectif, qui est vraiment très touchante.



Le Fatto signale également une interview donnée au début des années 1980 par le prince à Enzo Biagi, où il raconte sa "version" expurgée en déclarant qu'il est totalement en paix avec sa conscience (mais que tout ça est dommage pour le "pauvre garçon" et pour sa famille) : intéressant aujourd'hui de comparer les deux...



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